Les films de nos team trips font désormais partie intégrante de l'ADN de la marque, et ce depuis des années. Le concept est assez simple, on prend nos meilleurs riders, on les emmène chasser un swell quelque part dans le monde, ils font ce qu'ils savent faire de mieux et on documente le tout pour en faire un film.
Nous avons débuté ces aventures en Polynésie Française, à Tahiti, en 2013 avec ‘The Hidden Face’ puis nous nous sommes rendus au Mexique pour “The Mexican Mirage” en 2014. Le sentiment d’inachevé du fait de n’avoir pas pu surfer Teahupo’o nous a incité à remettre le cap sur pour “Maybe Tomorrow” en 2016. Peu après, nous nous sommes aventurés vers l’archipel des îles Canaries pour “Valentina” avant de poser nos valises en Indonésie pour “Ulang Tahun” notre film célébrant les 20 ans de la marque.
Avec l'arrivée de la pandémie, nous nous sommes adaptés et avons dû réinventer la façon dont nous faisions nos team trips. Nous sommes restés sur nos terres, en Europe continentale, pour “Peninsula” qui demeure l'un de nos plus gros succès jusqu'à présent.
Pour Holy Africa, nous avions pour ambition de créer un film orignal, hors du commun des films de bodyboards classiques. Nous voulions rendre hommage à l’âge d'or du bodyboard que représentent les années 90 : planches rétros, ensembles colorés, images filmées sur pellicules super 16 et super 8, musique des années 80 ... bref, nous voulions emmener le spectateur à l'époque des films tels que Endless Summer ou Morning Of The Earth.
Holy Africa a été filmé en 2021, la Covid était encore bien présente dans différentes parties du globe et rendait les voyages compliqués. En effet, de nombreux pays maintenaient encore leurs frontières fermées, d'autres les avaient ouvertes mais exigeait une quarantaine. Cela rendait l'organisation assez compliquée notamment lorsque vous voulez partir à la dernière minute sur un swell.
À cette période, nos regards s’étaient tournés vers une côte Africaine bien particulière, une côte où des vagues tubulaires déferlent sur un fond sableux peu profond. Ces indices vous ont peut-être déjà mis sur la voie : celle d’un trip à Skeleton Bay en Namibie. Autant vous dire que le team était surexcité à l'idée de se perdre dans le désert Namibien et de se mettre les plus longs tubes de leurs vies. Nous avions mis en place une waiting period de 3 mois durant l'hiver Namibien et il ne nous restait plus qu'à patienter et croiser les doigts. Tristan, qui avait déjà surfé Skeleton Bay plusieurs fois connaissait bien les conditions nécessaires pour que la Baie légendaire se réveille. Nous avons continué de patienter jusqu'à ce que la waiting period touche presque à sa fin. La mi-août arriva et les cartes montraient une grosse dépression se dirigeant vers le Sud-Ouest de l'Afrique. La houle était prometteuse mais il s’est avéré, une fois de plus, que la direction était mauvaise pour Skeleton Bay et que la houle allait passer complètement à côté de la Namibie.
Cependant, cette même dépression s'apprêtait à frapper les côtes du Cap-Occidental (Western Cape) de l'Afrique Du Sud. La waiting period touchant à sa fin, il nous fallait trouver un plan B. Nous décidons d'appeler nul autre que notre spécialiste des côtes Sud-Africaine, Tristan Roberts, pour avoir son avis sur le swell en approche et prendre une décision : "La houle est bonne, on va avoir des vagues, c'est certain. Je vous attends les gars !"
Trois jours plus tard, test PCR négatif en main, nous atterrissions un Jeudi soir à l'aéroport de Cape Town où Tristan nous attendait patiemment. Surfer des slabs et wedges en eau froide ne correspondait pas vraiment à ce que le team espérait sauf pour l'un d'eux, qui était, quant à lui, particulièrement content de ce dénouement. On pouvait voir l'excitation, le stress et un léger sourire sur le visage de Tristan même à travers son masque chirurgical. Une courte nuit de sommeil et 2 heures de route plus tard, et nous arrivions à une baie magique : des wedges parfaits, un fort vent offshore, une eau glacée et un paysage à couper le souffle qui ferait le bonheur de n’importe quel filmeur. Le trip était lancé.
Après 3 jours à surfer des wedges et déjà de belles images dans les disques durs, nous avons fait le plein de Biltong (viande séchée typique d’Afrique du Sud) et nous dirigions vers la côte Ouest pour chasser un swell de 3 jours à Tand : un slab très photogénique qui casse devant un rocher en forme de dent et que vous avez surement dû apercevoir dans des magazines ou vidéos. Le fameux slab Sud-Africain est également le lieu de compétition du Tand Invitational, une compétition de haut niveau se déroulant chaque année et remportée par Tristan 3 fois.
Nous sommes arrivés de nuit et avons décidé de nous installer dans un petit village de pêcheur près du spot. Nous nous y sommes rendu aux aurores le lendemain pour y découvrir un Tand bel et bien éveillé. Un slab de 3m dans de l'eau gelée nous attendait sans une âme en vue si ce n'est les quelques mouettes qui gardaient le spot.
Quand vous arrivez à Tand pour la première fois, le spot est plutôt intimidant. La vague donne l'impression d'être perdu au milieu de nulle part, seul face à l’épaisseur de cette vague, sur sa dalle à sec.
Après avoir regardé un set dérouler, Tristan n’a eu aucune hésitation. Surexcité, il ne lui fallut qu’une minute pour sauter dans sa combinaison Nymph. Étant donné que c'était la première fois pour Pierre et Isabela à Tand, ils ont pris un peu plus de temps pour étudier le spot et la vague. À peine eurent-ils fini de mettre leur combinaison que Tristan avait déjà lancé un énorme backflip sur la première bombe qui passait. Le ton était donné et la fête commença.
Se jeter dans des grosses masses d'eau froide est assez fatiguant pour le corps. Après 3 jours de carnage à Tand, le team commençait à ressentir la fatigue et les courbatures des derniers jours. Les disques durs se remplissaient mais c'était encore loin d'être terminé.
Avec le swell qui tombait, nous reprenions alors la route vers Cape Town le lendemain, pour se reposer un peu, profiter de la région et filmer les scènes lifestyle que l'on peut apercevoir dans l'intro et l'interlude du film.
Nous étions tous littéralement éblouis par la beauté du Cap-Occidental (Western Cape). À chaque trajet, nos cinq paires d’yeux étaient collés aux fenêtres du pick-up de Tristan. Quiconque ayant déjà traversé Clarence Drive devrait pouvoir confirmer cette impression tant la beauté du lieu est unique.
Filmer les scènes de lifestyle était vraiment marrant et pas aussi simple que nous l’aurions imaginé. Avez-vous déjà fait une randonnée à travers la montagne avec votre planche et vos palmes ? Probablement pas. Que ce soit à Table Mountain, aux dunes de sable ou encore au quartier iconique de Boo-Kaap, réputé pour ses maisons colorées au cœur de Cape Town, les passants étaient tous plus étonnés les uns que les autres à la vue du team habillé comme dans les années 80 avec leur matos rétro sous le bras.
Deux jours de repos et c'était reparti. Une nouvelle arrivée de houle était sur le point d'éveiller à nouveau un des wedges que le team avait scoré au début du trip, cette fois-ci, à la surprise générale, en beaucoup mieux. En effet, aucun de nous, n'aurions imaginé que ça allait être la session la plus hallucinante que nous n’ayons jamais filmée.
Nous avions mis le réveil assez tôt ce jour-là à cause de la marée, aux alentours de 5AM (la routine pour Tristan, mais seulement pour Tristan). Comme d’habitude, il faisait froid, le vent était fort et offshore, le wedge était parfait, personne n'était à l'eau et ce pour une bonne raison. Bien que la vague puisse paraitre facile et parfaite dans le film, ça ne l'était qu’en apparence. La mise à l'eau et le passage de barre étaient très compliqués du fait des forts courants et de l’eau glacée ainsi que l'occasionnel set de 2m50 qui barre dans toute la baie et qu'il fallait être prêt à prendre sur la tête. Mais bon, après tout, ils ne sont pas tous les trois champions du monde pour rien. La première session du matin se déroula et ce fut ce que l'on peut qualifier d'une session très productive. Une petite pause déjeuner, un peu d'étirement et nous y retournions en fin d'après-midi. Le show continua, les manœuvres étaient quasiment toujours replaquées et la session très productive du matin se transforma en journée inoubliable. Cerise sur le gâteau, dame nature décida de nous gâter avec un des plus beaux couchers de soleil du trip. Parfois les étoiles s'alignent et la chance nous sourit, nous n’allons pas nous en plaindre.
Le soleil se coucha, les sourires étaient sur chacun des visages, la houle tomba, les disques durs étaient pleins et le voyage touchait à sa fin. Nous préparions nos valises en faisant attention à bien protéger les disques durs et autres pellicules entre les kilos de biltongs avant d’embarquer à bord de notre vol retour pour l'Europe avec des souvenirs plein la tête.
Tout comme le narrateur conclu dans le film, une seule question demeurait : « Où aller ensuite ? »
On a déjà notre petite idée mais on vous laisse faire les pronostics.